Thursday, December 27, 2012

Fragment - Le Tapis Anatolien


Un fragment  du ‘Tapis Anatolien’ ( The Berlin Rug )



Soie sur étamine de lin (11fils/cm),  250 mouvements de l’aiguille par cm carré.  Dimensions de la broderie – 11.875 x 21.25 cms;  executé par Kathryn Blackmore Borel, L’Art de l’Aiguille, Canada, 2012.

J’ai débuté cette pièce au printemps 2012 à la suite d’une recherche sur les tapis tissés au 15 ième siècle dans la region de l’Anatolie.  La neige couvrait le sol devant la verrière de mon atelier.   Au moment de terminer le dernier point  les premiers flocons  de la première neige de l’hiver tombaient.    Je ne me suis jamais lassée de ce travail qui dura plus de  8 mois d'un travail minutieux.   Les couleurs vibrantes, les formes simples et parfaitement définies me procuraient un une profonde satisfaction.  Il y avait des périodes où je pouvais broder sans regarder le carton, d’autres moments où chaque mouvement devait être mesuré et compté soigneusement, ce qui créait un parfait équilibre entre la concentration et le repos de l'esprit.

L'oeuvre représente  120 heures de labeur et 60,000 mouvements de l’aiguille; une longue période de réflexion, de concentration mais aussi, d'une certaine façon une récalibration de l’esprit comme si le fil aidait à frayer un chemin lumineux devant les obstacles qui se présentaient.

Pendant ces heures, je me suis posée plusieurs fois les questions qui pour moi sont fondamentales.   Qu’est-ce que l'originalité ?  Qu’est-ce qu'une ‘copie’? Où se situe la broderie dans le monde des ‘arts’?  Est-ce qu’elle a une place dans l'univers des  beaux arts, des arts décoratifs?  Est-ce même un art ou simplement une expression artisanale? Quelles sont les influences, l’évolution, la signification sociologique de cette pratique,  et quelle est l’importance de l’iconographie qui s’y trouve?  Quel est la place du textile et plus particulièrement  de la broderie dans notre monde?

Un cliché du fragment original du tapis Anatolien demeurait sur ma table de travail pendant l’exécution, un rappel qu’il existe très peu d’idée originale; que la grande majorité des œuvres créatives sont inspirées, consciemment ou non, d’une expérience visuelle ou autre déjà vécue.  Entre le fragment original et mon travail, il n’y a que deux degrés de séparation:  c’est-à-dire, le carton de M. Cooper préparé à partir du fragment et mon interprétation du carton que d'ailleurs  je n'ai pas copié à la lettre.  A part le changement de matières premières, j’ai choisi de ne pas respecter sa symétrie.  M. Cooper a crée une bordure du côté droit afin de présenter une pièce complète.   Dans mon interprétation, j’opte pour ne pas finir le côté droit de la pièce afin de reconnaître que ce qui reste du tapis original n’est qu’un fragment de l'ensemble.  Selon mes calculs et les recherches sur les tapis de prière, les deux médaillons auraient été répétés plusieurs fois.

Mon interprétation est sur ma table de travail attendant son encadrement.  Je suis émerveillée par l’impact qu’elle a sur moi;  sa simplicité, sa définition.  Elle incarne les éléments esthétiques qui pour moi sont essentiels :  fibre naturel, formes simples, un symbolisme significatif, couleurs vibrantes, petites dimensions.  Cette pièce m’a donné l’occasion de m’aventurer loin dans le passé, une aventure qui a su enrichir ma vie autant sur le plan intellectuel que créatif. Sa simple présence dans mon atelier, sa dimension intemporelle  est pour moi nourriture de l'âme et de l'esprit. 

Wednesday, April 25, 2012

Iris - progrès 1





Nous étions en voyage, en Europe, qui explique pourquoi je n'ai pas écrit depuis quelques semaines.  Le projet de l'iris m'attendait en rentrant et je ne tardais pas à me trouver à mon table de travail, pleine d'énergie pour commencer ce projet.


Je ne suis pas certaine de mon interprétation.  C'est plus difficile que je pensais.  Ma palette de couleurs n'est pas assez nuancée, faute d'une très grande sélection de couleurs.  Pour avoir plus de choix, je puise dans la collection de trois sortes de soie, Pearsalls, Pipers et Eterna.  Ces trois types de soie me donnent les effets différents ainsi que des nuances variées.  Je laisse la soie me diriger.  C'est une vraie aventure.


J'aime cette liberté.  Je verrai plus tard où je serai amenée et si le résultat me plaira.  

Friday, March 23, 2012

Pavots - une étude en aquarelle




Le dessin à gauche se trouve sur ma table de travail...  celui à droite est déjà brodé et se trouve encadré et accroché au mur.


Un véritable jardin à l'intérieur au même moment que le jardin à l'extérieur commence à se dégager de sa couverture blanche.


Vive le printemps!

Friday, January 27, 2012

Pavots bleus - terminés







Tous les soirs, ce projet représentait un repos total ce qui m'a permis de retrouver l'énergie pour envisager un autre dessin qui sera interprêté en soie.



Sunday, January 22, 2012

Pavots bleus - un repos



Depuis quelques mois, je brode avec une certaine frénézie, toujours avec des fils de soie, toujours installée à ma table de travail, la pièce montée sur métier.


L'autre manière plus détendue de travailler est assise dans un fauteuil, le projet monté dans un petit cerceau de 10 cms de diamètre que je tiens dans ma main.   Et, à la place de la soie, je choisis les fils à broder en coton.


N'ayant pas décidé quel sera le prochain grand défi, j'opte entretemps pour un dessin familier.  Pourquoi pas les pavots que je viens de broder en soie Pipers?  (Voir le dernier blog: Pavots en soie)  J'avais déjà imprimé sur lin blanc le même dessin.   Donc, c'était si facile de m'installer avec une sélection de fils en coton DMC d'une couleur bleu-gris et commencer le travail toute de suite. 


J'avais oublié le plaisir de broder avec ces fils et même si la luminosité  est moins prononcée que celle rendue par la soie, il y a une certaine poésie dans l'effet mât qu'ils procurent.


Et les fils se placent presque tout seul.  Pendant la période de l'exécution de ce petit projet, je vais sûrement trouver l'inspiration qui sera le sujet du prochain grand projet.   Je pense à la citation de Diderot:        "Le travail des mains oblige l'esprit à la tranquillité et laisse le champs libre au mouvement de l'âme'       C'est tellement vrai.

Pavots en soie




Le dernier projet - les pavots en soie.  C'est dommage qu' au nettoyage, dans deux endroits  les couleurs ont imbibé le tissu de fond.  On me dit que ces défauts ne sont pas visibles.  Mais je les vois et en conséquence la pièce n'a pas la clarté dans son effet final.  Par contre, le sujet me plaît et je suis décidée à l'encadrer malgré ces défauts.


Je reprendrai sûrement ce motif.  Comment empêcher certaines couleurs de ne pas bouger, je n'ai pas trouvé la solution encore quitte à faire un prélavage de fils ce qui représenterait un travail minutieux et considérable .  Il faut que je me décide de le faire si je veux continuer à broder avec des fils de soie de couleur foncée qui souvent donnent la définition et l'intérêt  d'une pièce.





Wednesday, January 18, 2012

Floraison en soie


Inspirée d'un motif dans le catalogue de dessins du Centre Japonais de la Broderie en Georgie, E.U.,  je me suis mise à travailler autour des vacances de Noël.


C'était un projet exécuté rapidement, avec une fougue surprenante.   Je pense que cet enthousiasme s'expliquait par le fait que le dessin était prêt à broder plusieurs mois avant que je l'entame.  Le dessin se trouvait déjà transposé sur le tissu et est resté visible sur ma table de travail.  Pouvoir regarder le projet tous les jours encourageait une réflexion inconsciente quotidienne et qui m'a très probablement aidée à l'interprêter plus efficacement que d'habitude.


En plus,  le mariage de la simplicité du dessin et de la technique avec la finesse de la soie avec sa palette de couleurs douces m'offraient l'occasion de créer un oasis calme et reposant dans la journée qui contrastait avec les autres moments très animées autour de la famille pendant les vacances.











Friday, January 6, 2012

Feuilles en soie

J'avais préparé ce dessin pour une cliente il y a plus de 5 ans lorsque l'atelier à Sillery était toujours ouvert.  G. était une étudiante/cliente fidèle,  souvent à la recherche de dessins originaux et exclusifs.  Elle revait d'ouvrir une école de broderie au nord de Montréal, chose qu'elle a réussi à faire.   


G. avait commandé un dessin pour une chaise.   Le jour qu'elle est venue pour parler de ses idées, je venais de recevoir une commande de tissus imprimés de la France.  Il y en avait un où le motif représentait des feuilles stylisées.  Inspirée de ces formes complexes, j'en ai fait une adaptation pour une broderie.  Ensuite, je  l'ai transposée sur un lin jaune printemps.  


C'était dramatique comme effet, un reflet de la personnalité de G.   Elle a travaillé plusieurs mois sur ce projet et l'a interprêté merveilleusement, l'ayant brodée en fils de coton DMC avec une variété de points impressionante.  Finalement, elle a demandé à son rembourreur  de monter la pièce sur le dossier de la chaise.  L'assise a été couverte du tissu assorti.  C'était un projet très réussi qui méritait d'être exposé ce qui est arrivé peu après.


En sa mémoire, j'ai repris le dessin, mais j'ai diminué les proportions afin de pouvoir le broder en soie Pipers,  à un brin.  C'était un travail minutieux qui m'a pris des mois de concentration.  J'ai failli renoncer à le compléter.  Mais après l'avoir abandonné et repris plusieurs fois, et une promesse de le compléter avant Noël, j'y ai mis les derniers points le 23 décembre.      


À le regarder sur ma table de travail, terminé, je pense à G., cette grande dame raffinée qui se déplaçait de Ste. Adèle chaque fois que j'offrais un cours de broderie d'une journée.  Elle les a tout suivis, pendant presque 5 ans.  Je la remercie de sa constance parce qu'en retour, elle m'a donné de la confiance de continuer mes efforts d'encourager une clientèle grandissante de pratiquer cet art ancien qui est la broderie.